La réaction du Comité national pour le
redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) n’a pas
tardé ! Par la voix de son chef, le capitaine Amadou Sanogo, il a
clairement rejeté, samedi tard dans la nuit, les principales décisions du
sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) relatives à la poursuite de la transition pour une période
d’un an, sous la conduite du président intérimaire Dioncounda Traoré, et
l’envoi d’une force de stabilisation de 3.000 hommes. Le capitaine Sanogo a été
catégorique : le mandat du président intérimaire doit impérativement
prendre fin dans les quarante jours qui suivent son entrée en fonction,
conformément à la Constitution malienne, (« son mandat ne durera pas un
jour de plus a affirmé sur un ton très ferme le capitaine Sanogo) et la junte
militaire s’oppose énergiquement à l’envoi d’une force de la CEDEAO dont le
seul mandat serait de protéger la transition et les institutions. Le capitaine
Sanogo subordonne l’envoi d’une telle force à l’agrément préalable du
gouvernement et de l’Assemblée nationale malienne qui a été officiellement
réinstallée dans ses fonctions. Le capitaine Sanogo a par ailleurs menacé de
« prendre ses responsabilités ». En termes tout à fait clairs, cela
signifie que les militaires maliens sont prêts à reprendre le pouvoir s’ils
n’obtiennent pas satisfaction sur ces deux principaux points. Comme on peut le
voir, c’est un véritable défi que le véritable homme fort du Mali lance à la
CEDEAO. Il est parfaitement clair, aujourd’hui, que la junte militaire malienne
n’a nullement l’intention de rentrer dans les casernes et de céder le pouvoir
aux autorités civiles. Les militaires maliens n’ont jamais cache leur volonté
de contrôler la transition. Cela s’est clairement exprimé dans le choix du
Premier ministre Cheik Modibo Diarra et maintenant ils veulent la peau de
Dioncounda Traore. La CEDEAO peut elle se plier aux exigences de la junte
malienne au risque de perdre définitivement la face dans cet inquiétant bras de
fer qui se dessine ?
Les
émissaires de la CEDEAO ont failli être pris en otages par des soldats en
colère
Selon nos sources, les émissaires de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le ministre
burkinabé des Affaires étrangères Djibril Bassolet, et son homologue Adama
Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine, ont failli faire l’objet
d’une prise d’otages par les militaires maliens, à la sortie de l’entretien de
plus de trois heures, que venait de leur accorder le capitaine Sanogo, le
dirigeant du CNRDRE qui leur a clairement signifié son refus d’accepter le
maintien de Dioncounda à la tète de la transition et l’envoi d’une force de la
CEDEAO. Toujours selon nos sources, les deux ministres qui se trouvaient a
Kati, la garnison militaire située à une quinzaine de km de Bamako, qui est le
quartier général des putschistes, ont été pris à partie par un groupe de militaires
armés jusqu’aux dents et menaçants, aux cris de « A bas la CEDEAO ».
Il aura fallu l’intervention personnelle du capitaine Sanogo pour que les deux
ministres, qui étaient empêchés de sortir, puissent se frayer un chemin dans la
foule agressive des hommes en armes pour regagner leurs véhicules et quitter le
camp, sous les huées des soldats déchaînés. C’est bien la preuve que le climat
s’est gravement détérioré et que la reprise des négociations prévue mercredi
prochain risque d’être difficile. Les deux ministres ont d’ailleurs regagné
leurs capitales respectives pour rendre compte aux chefs d’Etat.
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