dimanche 29 avril 2012

Mali : Le capitaine Sanogo défie ouvertement la CEDEAO.


La réaction du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) n’a pas tardé ! Par la voix de son chef, le capitaine Amadou Sanogo, il a clairement rejeté, samedi tard dans la nuit, les principales décisions du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) relatives à la poursuite de la transition pour une période d’un an, sous la conduite du président intérimaire Dioncounda Traoré, et l’envoi d’une force de stabilisation de 3.000 hommes. Le capitaine Sanogo a été catégorique : le mandat du président intérimaire doit impérativement prendre fin dans les quarante jours qui suivent son entrée en fonction, conformément à la Constitution malienne, (« son mandat ne durera pas un jour de plus a affirmé sur un ton très ferme le capitaine Sanogo) et la junte militaire s’oppose énergiquement à l’envoi d’une force de la CEDEAO dont le seul mandat serait de protéger la transition et les institutions. Le capitaine Sanogo subordonne l’envoi d’une telle force à l’agrément préalable du gouvernement et de l’Assemblée nationale malienne qui a été officiellement réinstallée dans ses fonctions. Le capitaine Sanogo a par ailleurs menacé de « prendre ses responsabilités ». En termes tout à fait clairs, cela signifie que les militaires maliens sont prêts à reprendre le pouvoir s’ils n’obtiennent pas satisfaction sur ces deux principaux points. Comme on peut le voir, c’est un véritable défi que le véritable homme fort du Mali lance à la CEDEAO. Il est parfaitement clair, aujourd’hui, que la junte militaire malienne n’a nullement l’intention de rentrer dans les casernes et de céder le pouvoir aux autorités civiles. Les militaires maliens n’ont jamais cache leur volonté de contrôler la transition. Cela s’est clairement exprimé dans le choix du Premier ministre Cheik Modibo Diarra et maintenant ils veulent la peau de Dioncounda Traore. La CEDEAO peut elle se plier aux exigences de la junte malienne au risque de perdre définitivement la face dans cet inquiétant bras de fer qui se dessine ?

Les émissaires de la CEDEAO ont failli être pris en otages par des soldats en colère
Selon nos sources, les émissaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibril Bassolet, et son homologue Adama Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine, ont failli faire l’objet d’une prise d’otages par les militaires maliens, à la sortie de l’entretien de plus de trois heures, que venait de leur accorder le capitaine Sanogo, le dirigeant du CNRDRE qui leur a clairement signifié son refus d’accepter le maintien de Dioncounda à la tète de la transition et l’envoi d’une force de la CEDEAO. Toujours selon nos sources, les deux ministres qui se trouvaient a Kati, la garnison militaire située à une quinzaine de km de Bamako, qui est le quartier général des putschistes, ont été pris à partie par un groupe de militaires armés jusqu’aux dents et menaçants, aux cris de « A bas la CEDEAO ». Il aura fallu l’intervention personnelle du capitaine Sanogo pour que les deux ministres, qui étaient empêchés de sortir, puissent se frayer un chemin dans la foule agressive des hommes en armes pour regagner leurs véhicules et quitter le camp, sous les huées des soldats déchaînés. C’est bien la preuve que le climat s’est gravement détérioré et que la reprise des négociations prévue mercredi prochain risque d’être difficile. Les deux ministres ont d’ailleurs regagné leurs capitales respectives pour rendre compte aux chefs d’Etat.

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