La Communauté
économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) a eu la main
particulièrement lourde contre la junte au pouvoir au Mali.
A la fois
excédés d’avoir été empêchés par des manifestants pro-junte qui ont occupé le
tarmac de l’aéroport de Bamako Senou et sous l’influence du président ivoirien
qui préside désormais la conférence des chefs d’état de l’organisme régional,
les six chefs d’Etat mandatés à cet effet, réunis à Abidjan, ont décidé jeudi de geler les avoirs du Mali à la
Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO) et de ne plus
approvisionner les banques privées nationales. Ces deux mesures, particulièrement
sévères vont être appliquées pour la deuxième fois. La première fois, elles
avaient frappé et éprouvé le pouvoir de Laurent Gbagbo qui avait du réagir par
un passage en force, en s’emparant des avoirs à l’agence nationale de la BCEAO
et dans les banques privées. La mesure contre le régime Gbagbo portait la main
d’Alassane Ouattara, ancien gouverneur de la BCEAO et donc très au fait des
finances régionales et donc de la manière dont elles peuvent être utilisées
efficacement pour parvenir à l’asphyxie financière d’un pays. C’est une
nouvelle jurisprudence contre les auteurs de coup de force qui s’établit donc
ainsi.
Au fil du temps,
la Côte d’Ivoire, mieux dotée que le Mali du point de vue financier, a eu de
plus en plus de mal à assurer la paie des fonctionnaires. Le Mali a la particularité
d’avoir des commerçants qui fonctionnent beaucoup au cash. De leur coopération
ou non avec la junte dépendra donc l’ampleur des effets de la mesure
communautaire, mais il ne fait pas de doute, que c’est une hypothèque
supplémentaire sur les auteurs du coup d’Etat.
Autre mesure de
conséquence immédiate, la fermeture des frontières et des ports au Mali. Des
problèmes d’approvisionnement risquent de se poser rapidement à un pays sans
débouché maritime.
Les autres mesures
sont plus symboliques. Qu’il s’agisse de suspension du Mali de toutes les
instances de décision de la CEDEAO, du rappel des ambassadeurs de la CEDEAO pour
consultation, de l'interdiction de voyager dans l'espace ouest- africain pour
les responsables de la junte militaire et du gel des avoirs des responsables du
Comité national de redressement de la démocratie et du rétablissement de l'Etat
(CNRDRE) dans les pays membres de la CEDEAO qui ne doivent guère exister ou
alors très peu.
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