jeudi 29 mars 2012

La CEDEAO veut asphyxier financièrement le Mali


La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) a eu la main particulièrement lourde contre la junte au pouvoir au Mali.
A la fois excédés d’avoir été empêchés par des manifestants pro-junte qui ont occupé le tarmac de l’aéroport de Bamako Senou et sous l’influence du président ivoirien qui préside désormais la conférence des chefs d’état de l’organisme régional, les six chefs d’Etat mandatés à cet effet, réunis à Abidjan, ont  décidé jeudi de geler les avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO) et de ne plus approvisionner les banques privées nationales. Ces deux mesures, particulièrement sévères vont être appliquées pour la deuxième fois. La première fois, elles avaient frappé et éprouvé le pouvoir de Laurent Gbagbo qui avait du réagir par un passage en force, en s’emparant des avoirs à l’agence nationale de la BCEAO et dans les banques privées. La mesure contre le régime Gbagbo portait la main d’Alassane Ouattara, ancien gouverneur de la BCEAO et donc très au fait des finances régionales et donc de la manière dont elles peuvent être utilisées efficacement pour parvenir à l’asphyxie financière d’un pays. C’est une nouvelle jurisprudence contre les auteurs de coup de force qui s’établit donc ainsi.
Au fil du temps, la Côte d’Ivoire, mieux dotée que le Mali du point de vue financier, a eu de plus en plus de mal à assurer la paie des fonctionnaires. Le Mali a la particularité d’avoir des commerçants qui fonctionnent beaucoup au cash. De leur coopération ou non avec la junte dépendra donc l’ampleur des effets de la mesure communautaire, mais il ne fait pas de doute, que c’est une hypothèque supplémentaire sur les auteurs du coup d’Etat.
Autre mesure de conséquence immédiate, la fermeture des frontières et des ports au Mali. Des problèmes d’approvisionnement risquent de se poser rapidement à un pays sans débouché maritime.
Les autres mesures sont plus symboliques. Qu’il s’agisse de suspension du Mali de toutes les instances de décision de la CEDEAO, du rappel des ambassadeurs de la CEDEAO pour consultation, de l'interdiction de voyager dans l'espace ouest- africain pour les responsables de la junte militaire et du gel des avoirs des responsables du Comité national de redressement de la démocratie et du rétablissement de l'Etat (CNRDRE) dans les pays membres de la CEDEAO qui ne doivent guère exister ou alors très peu.

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