Le
1er mars, à l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, cinq policiers
français ont tenté, sans succès, d’expulser un jeune Guinéen à bord d’un vol
Air France. Excédés par les bruits et l’agitation du jeune, les passagers du
vol ont demandé aux policiers de le maîtriser ou le faire débarquer.
Finalement, les policiers le feront sortir manu militari avec quatre autres
passagers guinéens. C’est du moins ce que nous rapporte notre interlocuteur,
Boubacar Barry.
Tout a commencé quand les passagers ont
pris place à bord d’un bus au terminal 2C de l’aéroport
Roissy-Charles-de-Gaulle à 9 heures 30, heure de Paris, pour aller rejoindre
leur avion qui devrait décoller une heure plus tard.
« À la grande surprise de tout le monde,
quand nous nous sommes installés dans l’avion, il y avait un vacarme
assourdissant qui provenait de l’arrière de l’appareil. C’était un jeune
Guinéen menotté qui criait contre son expulsion. Il était ceinturé par cinq
agents de la police nationale française.
Le jeune criait à gorge déployée en
disant ceci “Je ne veux pas rentrer, ma femme doit accoucher dans quelques
jours”. Des cris qui retentissaient dans tout l’avion. Devant le refus obstiné
du jeune de se taire, deux policiers sont intervenus pour qu’il garde le
silence en le retenant contre son siège, ce qui n’a pas suffi pour calmer ses
ardeurs. Et il continuait à crier de plus belle avec toujours les mêmes
refrains aux lèvres. Lorsque l’heure du décollage a sonné, la tension est
montée d’un cran. Les passagers se sont mis en colère et s’en sont pris aux
membres de l’équipage.
Les gens ont commencé à se plaindre. Ils
ont demandé qu’on le fasse taire ou qu’on le descende de l’avion parce qu’il
dérangeait les uns et faisait même peur aux autres. Certains avançaient avoir
payé assez d’argent pour voyager dans de meilleures conditions et d’autres
demandaient qu’on les fît changer de vol tout en fustigeant le manque de
respect de la part d’Air France envers ses clients africains.
Le commandant de bord constatant son
incapacité à faire régner le calme dans l’avion a donc demandé à ce que la
police fasse descendre son prisonnier. Cette décision a rendu furieux les
policiers qui devaient accompagner le jeune à Conakry. C’est ainsi qu’ils ont
demandé à ce que quatre autres jeunes les suivent, les accusant d’avoir pris
part au désordre.
Les policiers ont d’abord commencé par
débarquer le jeune qui était à rapatrier. Ils sont ensuite revenus chercher les
quatre autres pour les faire descendre de l’avion. Ces jeunes ont plaidé auprès
de l’équipage d’Air France qui est resté indifférent à leurs requêtes. Alors
que ces jeunes avaient tous des documents en règle. Leur seul crime ayant été
d’avoir plaidé la cause du jeune qui devait être expulsé. Les quatre jeunes ont
donc été débarqués par les policiers. C’est seulement vers 13 heures que notre
avion a pu décoller ».
Toutefois, notre interlocuteur qui s’est
senti mal à l’aise après ces incidents, a déploré l’attitude de l’équipage du
vol Air France qui, affirme-t-il, « n’a rien fait pour empêcher la police de
faire débarquer ces passagers ».
Selon lui, la police française n’en est
pas à sa première expérience, « lorsque je suis rentré en Guinée, j’ai expliqué
à ma tante qui m’a dit qu’elle a vécu la même chose il y a un mois quand elle
quittait Paris ».
Faut-il rappeler qu’en 2007, six
policiers français avaient été molestés à l’aéroport de Conakry-Gbessia
lorsqu’ils accompagnaient deux Guinéens sans-papiers expulsés de France.
L’affaire avait, à l’époque, provoqué un incident diplomatique entre les deux
pays.
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