jeudi 10 mai 2012

Les compromissions inadmissibles de la CEDEAO !

Jamais, depuis sa création, en 1975, la CEDEAO n’aura été confrontée à une crise d’une telle ampleur, mettant en cause deux pays à la fois et sur une période aussi rapprochée. De quoi mettre en branle les chancelleries des quinze Etats membres et mobiliser des trésors d’énergie et d’intelligence autour de la tenue, en l’intervalle d’une petite semaine, de deux sommets extraordinaires !
A l’arrivée, ces réunions de chefs d’Etat, convoquées dans l’urgence, voire dans une certaine précipitation, pour ne pas dire improvisation, ont accouché d’une souris ! Pire, le linge sale, qui a été lavé en famille, a été tellement essoré dans la machine à palabres, qu’il en a perdu tout éclat !
Alors que les populations durement éprouvées du Mali et de la Guinée Bissau, prises en otages par des satrapes en kaki, s’attendaient à la prise de mesures radicales pour amener à résipiscence, au besoin par la force,  les hordes de voyous sans foi ni loi qui ont renversé des institutions républicaines dans ces deux pays, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont choisi de verser dans des compromis, pour ne pas dire des compromissions, qui heurtent la conscience de tous les démocrates du continent. Qu’on en juge !
Face au chef de la junte malienne, l’inquiétant capitaine Amadou Sanogo, qui menaçait de « prendre ses responsabilités » si l’avis de la bande de soudards qu’il dirige n’est pas pris en compte, la CEDEAO a cédé, a « mouillé » comme diraient les Ivoiriens ! En effet, revenant sur sa décision d’imposer l’envoi d’une force militaire au Mali, elle devra, désormais, au préalable, solliciter… l’avis des autorités maliennes pour ce faire ! Et de quelle autorité parle t- on, au moment même ou le sinistre Comité national pour le redressement (sic) de la démocratie et la restauration (resic) de l’Etat (CNRDRE) administre, chaque  jour qui passe, la preuve qu’il entend, coûte que coûte, se maintenir au pouvoir à tout prix, réduisant ainsi en simples faire-valoir le président intérimaire Dioncounda Traoré et le gouvernement du Premier ministre Cheik Modibo Diarra !?
Pour la Guinée Bissau, les choses sont beaucoup plus graves ! La CEDEAO a tout simplement choisi de sacrifier le président intérimaire Raimondo Pereira et l’ancien Premier ministre Carlos Gomez Junior, dont l’élection à la présidence était quasi certaine si le second tour avait eu lieu ! Le lâchage de ces deux personnages clef du système institutionnel bissau- guinéen ne fait pas honneur à l’organisation ouest-africaine. Les nobles principes sur lesquels la CEDEAO prétend fonder son action ont été délibérément et honteusement ignorés. La Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), elle, ne s’y est pas trompée qui a saisi les Nations unies pour que des sanctions appropriées soient infligées aux militaires de Bissau afin d’assurer le retour effectif à l’ordre constitutionnel normal. C’est tout à son honneur.
Moriba Magassouba

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